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MÉTAMORPHOSE DES DISPARUES

Film expérimental

Avril 2023

Colloque de Cerisy La Salle, juillet 2014

Lors d'un colloque de Cerisy en juillet 2014 intitulé "Pascal Quignard, Translations et métamorphoses", j'ai proposé à la place d'une conférence : un film/lettre. Dans ce court film expérimental, j'ai pratiqué une translation entre les bribes d'histoire d'une de mes grand-tantes paternelles et certaines figures récurrentes dans l'oeuvre de Pascal Quignard. Ces dernières sont des femmes qui choisissent de disparaître brutalement de la scène familiale et sociale pour retrouver renaissance, souffle vital et liberté. Thaïs, mon ancêtre, avait fait ce choix. Si son souvenir n'a jamais été totalement effacé à notre génération, il y avait comme un point mystérieux, une sorte de trou dans la mémoire. Nous étions bien informés des désastres subis par notre famille qui fut fauchée de plein fouet par la guerre de 14/18. Et si nous avons retrouvé toutes les traces des nombreux morts, tombes et courriers, photos, livrets, si nous avons pu en reconstituer un fil solide, avec son lot de sagas... son histoire à elle, ou plutôt son absence d'histoire, résistait. Cela restait une énigme. Comment pouvait-on dans ces temps de l'après-guerre, avec toutes les séparations cruelles et les deuils, vouloir volontairement disparaître tout en restant bien vivante? Et ce fut tellement "réussi" qu'elle résista non seulement à la remémoration mais même au moindre récit. Il n'en fallut pas moins d'une fiction poétique, l'invention de plusieurs métamorphoses dans un film expérimental, le soutien des figures littéraires de l'auteur Pascal Quignard, des ateliers/ performances, une rencontre par hasard - et son évolution lente dans le temps - d'un tag sur un mur urbain, puis d'autres rencontres encore, anonymes ou non, pour pouvoir poétiquement la retrouver. Il s'agissait de ne plus la laisser planer comme un fantôme dont on ne sait que faire. La fin du film est une sorte de résolution mémorielle.
Ce film chercha aussi à respecter son désir de disparition à elle. Si je la fis repartir en tant que fantôme familial, c'était bien pour la laisser à une place juste dans la sphère de nos souvenirs. Faire repartir - en douceur et accompagnée de notre tendresse - son fantôme aux royaume des morts.
Le texte de cette expérience, les méandres de sa transformation se trouvent dans la publication des Actes de ce colloque ("Pascal Quignard, Translations et métamorphoses" chez Hermann, 2015) sous le titre "Une lettre excentrée : auto-métamorphose et plasticité".

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